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Paris-Kyoto
15 mai 2013

"Il faut qu'on parle."/ "Je préfère dire non."

tout est dit

going to work

in the tgv

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la voiture 18, place numéro 55 et 56, aurait dû être installé un couple d'une trentaine d'années partant pour la première fois en vacances afin de partager, le temps d'un week-end prolongé, le plaisir d'être ensemble. 

Alors lorsque, j'ai vu la place, vide, à côté de moi au départ de Genève, je n'ai pas pu m'empêcher de repenser à cette rencontre, faite quelques jours auparavant. Lorsqu'elle m'a vendu l'un de ses billets, elle m'a demandé si j'aurai éventuellement besoin du second. Je lui ai répondu que je voyageais seule. J'ai vu ses yeux se remplir de larmes et m'a expliqué qu'elle venait de rompre alors que, "ce voyage avec lui", elle en rêvait depuis longtemps. J'avais 20 minutes devant moi avant de devoir partir travailler, je lui ai proposé un café pour en parler si elle le souhaitait. En nous quittant dans ce hall de gare moins d'une demie-heure plus tard, j'avais cette étrange sensation d'avoir écouté une amie.   

Avant le départ du train, tout en sirotant mon latte pris à l'emporter, qui n'avait d'ailleurs de bon que l'odeur, je me suis plongée dans la lecture du dernier article  de Cyn. Dans La couleur des jours, elle y raconte le Liban, ou plutôt son Liban à elle, s'interroge sur les multiples facettes de ce pays qui est le sien mais pas seulement, avec cette sensibilité qui lui est propre.

En regardant par la fenêtre les paysages défiler, j'ai pris enfin conscience du temps qui s'était écoulé à une vitesse, semblant bien plus rapide que celle empruntée par le TGV en direction de Paris. 

Ponctualité, organisation helvétique et efficacité étaient les mots d'ordre de ces derniers jours. J'ai dormi dans des lits qui n'étaient pas les miens, mes affaires pour le lendemain savamment choisies, pliées selon une technique personnelle et rangées dans un sac en toile, trousse de maquillage comprise. Les saveurs du matin se sont suivies sans se ressembler. Ainsi, des cafés face à un parc rempli d'écureuils ont précédés des thés au guarana accompagnés d'une capsule de vitamines non bio ou encore des petits déjeuners familiaux qui ressemblaient, même en semaine, à des brunchs du dimanche (oeuf à la coque, fromages locaux, fruits frais coupés en petits morceaux, boisson chaude et jus d'oranges pressées). 

Lors d'une soirée très privée, mais très ensoleillée aussi, au Château de Coppet, j'ai revu mon ancien professeur de journalisme, celui qui avait donné sens à mes études de l'époque, claqué la bise à un auteur, remarqué des fausses Louboutin et ri avec S., aujourd'hui attachée de presse, dans une maison d'édition de littérature russe. 

Il y a eu aussi ce cocktail dans une boutique, rue du Rhône, qui présentait sa dernière collection de sacs en cuir Epi, où mon nom sur la liste m'a permis, avec So., de goûter aux petits damiers de foie gras, aux gelées à la rose entourant un cube d'ananas et autres petites bouchées aux couleurs printanières, le tout, arrosés de coupes de champagne. Ce même soir, après avoir longé le lac en direction de Collonge, je retrouvais mon amie M. qui avait préparé un pique-nique pour mon déjeuner du lendemain: riz blanc aux asperges vertes et au zeste de citron ainsi qu'un mijoté de lentilles à la tomate, le tout mis dans une boîte à bento.

Au moment même où je fouille dans ma mémoire, il me revient l'image de ce regard joyeux, presque enfantin, lorsque je lui ai tendu le livre dédicacé sur la terrasse du Remor, dont la régularité de nos rencontres reste encore mal définie mais que j'apprécie ainsi. Ces dernières ressemblent au sel de la vie dont parle Françoise Héritier. C'est de manière nostalgique que je repense au dîner italien avec JJ, le dernier sans doute avant longtemps, qui est arrivé de manière totalement imprévue, un mercredi soir, où j'ai, presque sans scrupules, décommandé un rendez-vous à la dernière minute. En partant, j'ai réalisé que serrer mon frère dans mes bras, dans une famille dans laquelle ce n'est pas vraiment l'usage, en disant quelque chose d'anodin, pour ne pas me laisser submerger par l'émotion, était ma seule force du moment. Lors de ce dîner, nous avions d'ailleurs évoqué le décès de notre médecin de famille, celui qui nous avait vu grandir et aidé à traverser certaines étapes de vie. Avec sa valise au cuir brun patiné qu'il avait toujours sur lui, il nous faisait penser à un personnage de conte. Il va sans dire que nous avons, un peu nerveusement, pouffé de rire au moment de mettre sur la table la phrase de son épouse, aujourd'hui veuve, lorsque nos condoléances lui avaient été présentées. "Vous savez, je suis d'accord avec vous, c'était vraiment un excellent médecin. Mais, je dois quand même vous avouer que c'était un piètre mari." 

Arrivée à destination et au moment de poser le pied sur le quai, j'ai soudain senti ce rythme. Celui que je reconnaitrai parmi tous, celui qui m'épuise mais dont je ne pourrai que difficilement me passer et qui, à chaque fois que je le remarque, me fait aimer cette ville. J'ai mis mon sac à l'épaule droite, accéléré le pas en direction de la borne de taxi et augmenté le volume de mon Ipod en me souvenant de la conversation que nous avions eue quelques jours plus tôt à propos du regard que l'on porte sur ce qui nous entoure grâce à la musique. Cet espèce de mur transparent qui a ce pouvoir, presque magique, de permettre de mieux observer la ville, avec des tableaux de vie qui se succèdent les uns après les autres.

Edit 1: Alors que nous venions de nous rencontrer, il m'a dit au cours de la soirée: "Y-a-t-il quelque chose qui, de temps en temps, t'échappe?". 

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Commentaires
D
Toujours aussi bon...<br /> <br /> Même si on a l'impression (trompeuse?), que tu as moins eu l'occasion de te régaler les papilles que lors des billets précédents... Serait-ce un effet secondaire nocif de l'arrivée de l'été que l'on ne cesse de nous annoncer?<br /> <br /> :)
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Paris-Kyoto
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