D. ou la "Kite Attitude"

Ce matin là, le long de la route qui menait à l'aéroport, les vignes se sont recouvertes doucement de neige et les nuages sont devenus de plus en plus menaçants. 

Malgré une imagination parfois inutilement développée, il m'était toutefois difficile de me dire que d'ici à quelques heures, j'allais croiser ML en coup de vent lors de mon escale à Madrid, habillée comme en été, et me retrouver face à des palmiers et un soleil encore haut en fin de journée arrivée à destination. 

Il n'est pas évident de dire réellement quel moment j'ai préféré dans ce voyage tant il y en a eu d'uniques à mes yeux. J'ai aimé marcher sur les papiers colorés de bonbons tombés comme des papillons dans les rues de la ville, seules preuves tangibles que les rois mages étaient passés, rouler à travers les terres andalouses en écoutant de la musique très "radio nostalgie", ramasser des coquillages au bord de la mer les pieds dans l'eau, sentir l'odeur de l'huile d'olive juste pressée et écouter les explications généreuses du maître des lieux sans tout pouvoir saisir dans les détails (quelle idée d'avoir choisi allemand en seconde langue, anglais et latin par la suite?!), entendre le bruit du vent arrivé à Tarifa dont on n'arrive pas à saisir la force sur les photos, voir l'Afrique depuis la côte, décortiquer du crabe et le manger avec les doigts, faire du scooter, découvrir les spécialités locales avec un verre de vin (ou deux, si ce n'est plus, mais là n'est pas la question), être là juste au moment d'un concert improvisé dans un bar aux murs carrelés, devoir refuser que la serveuse mette un parasol un matin où nous avons décidé de manger sur la terrasse ou se régaler d'un bocadillo composé de poivron vert frit, d'une tranche de porc et de fromage sur une aire d'autoroute. 

Finalement, même si pour certains, ces petits moments peuvent paraître ordinaires, il suffit de les vivre avec la personne dotée de la Kite Attitude pour qu'ils deviennent indéniablement des moments de bonheur suspendus.