Pendant ce temps

N. rêve de paysages éclatants de soleil glacial pour ses vacances durement obtenues après des semaines de travail acharné à l'hôpital. Elle se réjouit de partager des moments hors du temps avec son homme et ne plus penser à rien.

Pendant ce temps la bise a continué à souffler en plaine. 

J'ai retrouvé C. dans un "café brocante", le Coup de Girafe (dans lequel tout est à vendre, en commençant par la chaise sur laquelle on est assise, pas très confortable au demeurant mais tellement retro qu'on l'imagine sans peine dans son propre appartement avec un joli coussin, en passant par la cuillère en argent qui nous a servi à mélanger notre breuvage servi par la patronne habillée de manière un peu étrange. Décidément le combo bottes en cuir noir, mini-jupe en jean et résille reste un pari risqué). C. m'a parlé de la préparation de son voyage au Liban prévu pour le mois d'avril ainsi que les projets qu'elle voulait mener à terme, m'a fait écouter un enregistrement de Cat Power qu'elle a rencontré lors d'un festival quelques jours auparavant et m'a partagé son enthousiasme pour l'un des romans de Grisélidis Réal qu'elle venait à peine de commencer.   

Pendant ce temps, les températures ont continué de chuter.

K. emmènage dans un appartement plus spacieux en laissant derrière elle une histoire d'amour et quelques meubles, c'est ce qu'elle m'a annoncé quelques minutes après nos retrouvailles (après que nous nous soyons complimentées chacune sur notre bonne mine respective). Suite à cette nouvelle, nous avons échangés nos idées sur la complexité des relations humaines (qu'elles soient amicales ou amoureuses, mais surtout amoureuses) en grossissant souvent le trait, ce qui nous a fait beaucoup rire et parler très fort dans un restaurant de la vieille ville où les gens chuchotaient en mangeant le plat du jour, délicieux, soit dit en passant. Nous n'avons pas épargné notre public en enchaînant sur les dernières rumeurs concernant le monde financier (décidément, les fins de soirées des traders de cette ville sont tout aussi amusantes qu'ailleurs).

Pendant ce temps, le soleil a continué à se lever chaque matin, un peu plus tôt et s'est couché un peu plus tard au fur et à mesure que les jours passaient.

Le jet d'eau, symbole de la ville, coupé quelques temps pour cause de froid sibérien abattu soudainement, a été remis en route, les vitrines de la rue du Rhône se sont remplies de la collection d'été (bien qu'il soit encore difficile de s'imaginer en K Jacques) et la glace qui a figé les bords du lac a finalement commencé à fondre.