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Paris-Kyoto
24 septembre 2012

En ouvrant cette page...

 

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J'ai entendu un petit crissement, celui provoqué par le frottement du papier contre un peu de sable, et j'ai senti quelques grains tomber sur mon visage. Ce livre, commencé sur une plage vide de monde, où il faisait terriblement chaud, me semblait soudain revenir de très loin. Il m'a fallu me concentrer sur la lecture du récit, dont j'avais oublié le début.  

En y repensant plus tard, au moment où je filais en direction de ma station de métro et en passant devant une de mes librairies préférées, dans laquelle un ami faisait une dédicace pour la sortie de son nouveau roman, j'ai réalisé que ce petit bout de plage, rapporté malgré lui dans mon quartier, était accompagné de la légèreté et du poids insoupçonné des souvenirs. 

Sur tout le chemin m'emmenant à mon premier dîner de la saison, il m'était devenu soudain difficile d'ignorer ce flux discontinu d'images revenant à mon esprit, teinté d'une lumière solaire, presque métallique. En vrac, les moments uniques partagés avec H, dont l'enthousiasme contagieux reste le meilleur des remèdes quoi qu'il arrive mais aussi les pincements au coeur lors de certaines situations qui me font toujours regretter d'avoir une mémoire d'éléphanteau et les heures d'attente, celles qu'on tente de ne plus compter, remplies tant bien que mal et qui donne parfois un peu le vertige, avant de retrouver D.

Je me souviens aussi de ce road trip avec H. où nous avons mis la musique très fort lorsqu'un morceau que nous adorions passait sur radio cuarenta et j'arrive presque à entendre le vent, qui n'a cessé de souffler, dans les ruelles de Tarifa. Bien qu'invisible, ce vent particulier, qui fait le plaisir des kiteurs, a pris l'allure d'un personnage à part entière lors de notre séjour. Les cheveux se sont emmêlés au gré de ses envies et les serviettes en papier se sont envolées comme de petits papillons blancs. Il y a aussi les souvenirs gustatifs comme le goût incroyable d'un thon pêché et grillé, dégusté en quelques minutes sur une terrasse avant de reprendre la route, quelques lamelles de poulpe sur du pain toasté, agrémenté de pimenton fumé et d'huile d'olive un soir où D se sentait particulièrement "créatif", une salade de tomates et des crevettes à la plancha avant une fin d'après-midi à la playa de Los Alemanes, la fraîcheur d'un tataki de thon à Malaga et aussi un mojito à la figue de barbarie que j'aurai préféré commander pour trois personnes, comme il avait été prévu initialement. 

Aujourd'hui, la rentrée accompagnée de son rythme implaccable a repris ses droits et remis à zéro notre gestion du temps. Tout est enfin rentré dans l'ordre avec quelques changements aussi.

Ainsi, dans le placard de droite de la cuisine de D s'est ajouté, à côté des épices à paella, un flacon de soja japonais, dans celui, rue Linnégatan à Stockholm, un bidon d'huile d'olive, qui sent le fruit écrasé, a trouvé sa place, et quelque part en Suisse, il y a, à côté d'une vaisselle Villeroy et Boch toute blanche, une nouvelle bouteille en céramique, comme si, dans le fond, elle avait toujours été là.   

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Commentaires
P
Well written! Loved it, made me shiver ;)
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Paris-Kyoto
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