Dans cet appartement...

On rêve tous ... Et d'avantage peut-être au moment d'un changement de saison, comme si finalement les quelques semaines qui viennent de s'écouler n'avaient été qu'un grand tremplin, celui qui nous permet de reprendre notre élan avant de replonger dans une sorte de piscine olympique, sans fond mais aux rebords solides. 

On se surprend à rêver, l'air de rien, d'une pluie de contrats, de voir son article imprimé, d'avancer au mieux dans divers projets, de respecter les délais, de rester enthousiaste et, même parfois, de tout ça à la fois. 

D'autres rêvent de vivre une histoire d'amour, qu'on vienne les chercher à l'aéroport après un voyage d'affaires, qu'on leur offre un casque de scooter de couleur rose ou une trancheuse à jambon (oui, certaines filles ont ce genre de produit dans leur wishlist), de passer des journées joyeuses, remplies de belles promesses et d'avoir du temps. 

Le temps pour cuisiner un cake au matcha, framboises et chocolat blanc, le même que celui goûté lors d'un dîner imprévu au Nanashi*, le temps de s'assoir sur un parquet vernis et regarder la pluie tomber par la fenêtre, le temps de faire un carpaccio de betteraves et mozzarella avec comme seul assaisonnement du sel Maldon, un trait de crème balsamique et un filet d'huile d'olive, le temps d'écrire et d'entendre le cliquetis, sur le clavier de l'ordinateur, qui ponctue chaque lettre. 

Et quand on se dit que les rêves doivent être partagés, j'aime me retrouver dans cet autre appartement, comme s'il faisait un peu partie du mien, à quelques stations de métro seulement. La chambre d'étudiante que nous étions alors s'est transformée, à force de déménagements et d'années écoulées, en un appartement plus spacieux mais toujours aussi cosy. Même si nous avons mûri depuis ces années partagées dans le contexte idyllique de la Cité Universitaire, il subsiste cette amitié grandissante et précieuse qui me permet d'arriver presque sans prévenir. Quelques Vogue tout en haut de la pile de magazines placés dans la cheminée, des coussins colorés sur le canapé, une bouteille au frais et une vue imprenable sur les showrooms juste en face sont caractéristiques de ce 2e étage. 

Je connais le code par coeur, mon blackberry se connecte immédiatement à son wifi quand j'arrive et ma brosse à dent fait partie de sa salle de bain. Les heures de révisions lors de nos études ont portés leurs fruits et, aujourd'hui, les milieux professionnels et les lieux que nous fréquentons ressemblent étrangement à tout ce que nous souhaitions plus jeunes. J'aime savoir que nous n'avons pas trop changé malgré cette ville en perpétuel mouvement.  

*Nanashi

 57 Rue Charlot  75003 Paris