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Paris-Kyoto
1 octobre 2015

A bout de souffle

 

A bout de souffle

« La vie nous sourit. 

Elle se moque. »

                                                                       Benjamin-Ididore Juveneton

Au milieu d’une nuit chaude d’été, où la lumière de la lune mêlée à diverses cogitations et le bruit de la rue m’avaient maintenue en éveil, je ressentis le besoin pressant de quitter cette ville dont le moindre détail m’était devenu difficile à supporter. Si de part mon métier, être immergé dans le monde est primordial il devient, parfois aussi, nécessaire de lui tourner le dos afin que la vie des autres ne parvienne pas à fragiliser la mienne. 

Je pris donc le premier train.

(…)

Près de la gare, dans ce café, où on m’avait déjà attendue autrefois, je suis arrivée l’épaule alourdie d’un gros sac rempli de courses faites lors de cette courte escapade. Je l’ai reconnu de loin mais je me suis approchée de lui doucement, comme on le ferait avec un oiseau craintif, prêt à s’envoler. Je l’ai observé quelques instants. Il a jeté un oeil à sa montre puis a continué à feuilleter le journal, dont aucune page, ainsi tournée, n’était sans doute lue. 

Dans un mail rempli de cette humilité douce qui n’appartient qu’à elle, SL me racontait comment un matin du mois d’août, elle s’était réveillée en avance, habillée avec le premier T-shirt à portée de main avant d’enfourcher son vélo pour aller faire la ronde des vendeurs de journaux, rarement ouverts à Paris à cette période de l’année. Une fois l’objet de sa convoitise acquis, c’est l’émotion à fleur de peau qu’elle commanda un café au comptoir puis entama la lecture de sa première nouvelle publiée dans Libération en quatrième de couverture. A la lecture de son message, je ne pu m’empêcher d’être très émue par l’enchaînement des mots choisis pour me conter cet épisode important, par cette émotion partagée et par la fierté que je ressentais pour elle. 

La prochaine fois que nous nous verrons, dans ce petit café rue du Chevaleret dans le 13e, à quelques mètres à peine du métro BNF, il sera question, je pense, de cette boule au ventre au moment d’entamer un travail d’écriture et de celle d’un autre type, qui pèse encore d’avantage sur cet endroit bien précis situé entre le ventre et le coeur, au moment où l’on décide d’exposer ses textes, au delà du cercle rassurant des intimes. 

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